Entre deux paniers [PV Miki Kiseki]

La cloche du lycée Matsudo Kokusai sonnait, annonçant la fin des cours. Alors que Kaoru regardait son blackberry en bidouillant un peu dessus avec son emploi du temps, ce dernier était en congé de son travail d’hôte au Yume no Club, il n’avait donc pas à aller faire la fête aujourd’hui, il pourrait se reposer un peu. Tous ses devoirs avaient été faits à l’heure du lunch dans la bibliothèque –et même pendant un cours-. Il avait également fait un peu de crayonnés comme à son habitude dans ses cahiers scolaires ainsi qu’une multitude d’esquisses de personnages. Kaoru alla prendre ses chaussures de sport dans son casier et les mit sans quitter son uniforme scolaire avant de se diriger vers le gymnase. Ce jour-là, le club de basketball faisait du jogging dans les parcs de Tokyo, il avait donc tout l’espace pour lui. Il prit un ballon de basket sur son étagère et le regarda sous toutes ses formes, faisant quelques tours de passe-passe avec avant de le tourner sur le bout de son index.

Il y avait des années, le basketball avait été presque toute sa vie.

Étant attaquant dans l’équipe de basketball de son collège, Kaoru avait été un célèbre sportif, puis il déménagea à cette grande ville qu’est Tokyo et c’est là qu’il commença sérieusement à faire des mangas, qui lui prirent bientôt presque tout son temps avec le fanzine. Il est passé de sportif à artiste, chose que peu de personnes font, il avait toujours vu les choses sous un angle différent que ces coéquipiers et avait maintenant pu l’exploiter en se faisant de nouveaux amis, Himiko semblant pourtant contre ses œuvres, elle a déjà vu par accident la pile de mangas hentai, yuri et yaoi qu’il avait dessiné et à qui il interdisait l’accès en dehors de son groupe du fanzine. Ce jour-là elle était entrée dans une rage en le traitant d’obsédé, lui était resté impassible à l’écouter jusqu’à ce qu’elle claque la porte, choquée. Depuis ce jour il ne lui a plus jamais parlé de ce qu’il l’écrivait, elle ne le croyait pas quand il lui disait qu’il trouvait que c’était de l’art et non un simple objet à fantasmes.

* Elle était vraiment têtue… * pensa Kaoru en faisant un panier de trois points.

Ce même manège à jouer au basket continua. Le lycéen avait l’impression qu’il s’entraînait encore pour l’équipe du collège, en vue de la prochaine partie mais ce n’était pas le cas. En lançant, en dribblant et en faisant voler le ballon de toute part du gymnase, il se vidait l’esprit et pensait, tout simplement.

Il lança et fit un dunk, puis un lancer de deux points, il fit tourner le ballon sur ses cinq doigts, bref, il n’avait pas perdu la main bien qu’il se sentait un peu rouillé, il était encore en pleine forme et son corps était habitué aux sports et exercices en tout genre. Kaoru échappa soudainement le ballon en voulant le lancer au dessus de sa tête vers sa main gauche, il rebondit jusqu’à sortir du gymnase et buta contre le mur du fond du couloir. Le jeune homme courut vers la porte pour le rattraper mais déjà il entendait la balle orange dégringolée des escaliers vers le sous-sol dans le bruit écho du couloir et du gymnase. Découragé, il s’engagea à l’intérieur du couloir aux murs blancs afin de le récupérer.

Au loin, Miki entendait sonner la sonnerie de l'école qui réglait la vie des élèves comme une partition de musique depuis toujours. Elle se roula rapidement en boule dans un coin humide de la pièce alors qu'une fille lui empoignait violement les cheveux et la secouait dans tous les sens. Des rires, des bruits de pas, une odeur de parfum fort qu'elle ne supportait pas et des visages fendu par un sourire amusé : encore une fois on s'amusait à s'acharner sur elle. Ses persécuteuse du jours étaient trois. Cheveux décolorés, uniformes portés avec classe et allure de filles parfaites, elles faisaient sûrement partie des filles adorées de tout le monde. Le grand contraire de Miki qui n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait plus tôt, quand on l'avait traînée dans ce local alors qu'elle sortait du vestiaire après le cours de sport.
Miki ne savait pas ce qu'elle avait fait. Une raison pour sa pérsection était rarement évoquée, mais elle préférait quand c'était la cas, elle avait l'impression que la sentence était quelques peu méritée et elle ressentait moins de haine envers les autres. Si c'était fait avec une bonne raison, elle était plus ou moins prête à passer l'éponge, du moins comme elle le pouvait.

"-Faut qu'on bouge, lança une des adolescentes, si quelqu'un vient on est mal."

En moins de vingt secondes elles s'étaient totalement désintéressées d'elle et elle avait déjà remonté les marches pour sortir de la salle qui se trouvait au dessus de leurs têtes.
Miki était seule, l'uniforme froissé, les cheveux en bataille et les yeux rougis par les larmes qu'elle avait retenu. Sa joue avait étée légèrement rougie par une gifle et elle porta calmement sa mains à sa peau pour la frotter un peu. C'était peu douloureux, on lui avait fait pire. Presque comme si c'était une habitude, -il s'agissait bien d'une habitude, en fait-, elle défroissa comme elle le pouvait sa jupe et sa chemise, passa ses doigts dans ses cheveux pour les démêler et les remettre un peu en place. Elle resta assise à ras le sol, les jambes étendues et les genoux rentrés vers l'intérieur, elle fixait le sol en poussant un soupir malheureux. D'un coup d'oeil, elle venait de remarquer que son genoux était également blessé. Pas étonnant, elle avait glissé dans les escaliers tout à l'heure.
Elle parcourut du regard le local dans lequel elle se trouvait. C'était une sorte de fourre-tout, un grenier ou une cave sûrement. Pour une première visite, ce n'était pas vraiment idéal. Elle aurait crût que le sous-sol serait plus grand mais il s'agissait juste d'une pièce de taille moyenne sombre et sans fenêtres dans laquelle s'entassaient quelques vieux bureaux.

Soudain, un bruit régulier parvint à ses oreilles. Elles revenaient ? Plutôt que de s'enfuir à toutes, jambes, elle se contenta de relever la tête et de tendre l'oreille. "Bong, bong, bong, bong... toc !" Là, il était évident que ce n'était pas des bruits de pas. D'ailleurs, un ballon de basketball surgit des escaliers. Il buta contre la porte et s'arrêta sur le mur à quelques mètres d'elle dans un son sourd. À ce moment là elle endendit distinctement des chaussures marteler le sol et elle se releva d'un bond, l'esprit actif à chercher une explication quant à sa présence ici. Apparut devant elle un garçon de seconde qui avait plutôt la cote auprès des filles et qui n'avait aucun mal à se faire des amis, comparé à elle. En fait elle ne le connaissait pas, seulement de vue et par l'écoute des conversations des autres auxquelles il lui était interdit de participer. Sur le moment elle fut très étonnée de le voir là. Elle n'était pas au courant qu'il fasse partie du club de basket. D'ailleurs elle ne savait pas non plus que ce club avait un entraînement à cette heure. Mais tout retomba à zéro quand elle remarqua qu'il portait son uniforme. Non, celui-ci n'était pas à un entraînement, il était certainement venu là juste pour jouer.
Voilà qui l'arrangeait peu dans ses affaires ; Les cheveux pas bien coiffés malgrès ses efforts, le genou égratigné et les vêtements un peu poussièreux, elle devait bien passer pour une imbécile. Et comme tout le monde la connaissait comme celle sur qui on se passe les nerfs, elle espérait qu'il soit de bonne humeur et la laisse partir. Elle se souvenait plus ou moins de son nom, et tenta une phrase alors qu'elle savait qu'il la remettrait sûrement à sa place comme tout le monde dans ce lycée.

"-Euh... Kaoru-san ?"

Oui, exact, maintenant ça lui revenait, c'était bien Izumi Kaoru. Elle ramassa son sac, s'inclina avec toute la politesse qu'elle lui devait en tant qu'élève de grade inférieur et resta plantée, droite comme un i et cherchant à éviter son regard.

"-Je... je ne savais pas que faisiez du basket, désolée de vous dérranger."

Encore une fois elle s'inclina, remonta sa chaussette qui pendouillait et passa rapidement à côté de lui pour commencer à monter les escaliers.

Kaoru s’attendait à tomber sur un membre du personnel en descendant au sous-sol mais il tomba plutôt sur une jeune fille, qu’il n’avait jamais vue auparavant ou plutôt qui se fondait bien dans le décor. Connaissant de vue ou de nom toutes les personnes de seconde, il en jugea donc qu’elle était en première. Son visage lui disait pourtant vraiment quelque chose. Avant qu’il n’ait pu dire ou faire quoi que ce soit, la lycéenne, apparemment gênée par son apparence dont tout disait qu’elle avait pleurée, s’inclina poliment après avoir bégayé son prénom timidement. Malgré ses cheveux un peu ébouriffés et ses yeux rougis, Kaoru ne voyait pas ou ne pensait pas qu’on l’avait brutalisée. Si ça avait été le cas il aurait probablement eu une violente réaction pour les coupables, détestant ce genre de comportement, comme il avait eu des problèmes au collège en arrivant à Tokyo. Le jeune homme tenta le contact visuel avec la japonaise, en vain, elle était douée pour éviter que leurs regards se croisent.

"-Je... je ne savais pas que faisiez du basket, désolée de vous déranger."

Puis elle s’abaissa de nouveau, cette fois-ci il ne fut plus aussi surpris et lui rendit gentiment d’un hochement de tête mais lorsqu’il voulut enfin parler, elle passa près de lui et commença à monter les escaliers. Durant un petit instant, l’hôte resta figé sans rien dire, ne sachant pas trop comment interagir avec quelqu’un dans… dans ce genre d’état. Puis il se ressaisit et attrapa rapidement le ballon orange avant de remonter les escaliers quatre à quatre jusqu’à arriver près de sa kohaï, qui montait toujours, il se plaça à sa gauche et la regarda en disant :

- Heu… oui, je… je jouais dans l’équipe quand j’étais au… au collège! Oui, hum… tu-tu sais que tu me dis vraiment quelque chose? J’ai beau chercher et… ah! Tu ne serais pas Kiseki Miki? Oui, je… je me souviens de toi. Les filles… les filles des autres classes parlent souvent de toi et elles m’ont déjà touché un mot sur toi à propos de… de quoi déjà? Enfin, je ne me souviens plus mais…

Après son discours quelque peu confus, Kaoru recommença à monter les escaliers rapidement et arrêta Miki dans sa course, alors qu’elle allait monter la dernière marche, la regardant les yeux dans les yeux.

- Je suis… je suis…

Il reprit son souffle et passa sa main dans ses cheveux, un peu à bout de souffle d’avoir autant parlé et cherché ses mots en même temps qu’il avait essayé de la suivre.

- … enchanté, de te rencontrer.

Le jeune homme s’inclina légèrement par politesse. Il fallait l’avouer, il n’avait pas vraiment entendu de bien de Miki, mais premièrement il voulait le voir de ses propres yeux mais ce n’était pas son objectif principal sur elle. On lui avait dit sur n’importe quels tons qu’elle était spéciale et il fallait l’avouer, Kaoru adorait généralement les personnes dont les autres leur donnait cette qualité, bien qu’il ne le dirait probablement jamais.

- Pourquoi est-ce que tu étais… comme ça, tout à l’heure?

Il se frotta la nuque et baissa la tête, un peu gêné de lui demander une telle question que certains pourraient trouver indiscrète.

Plus vite, plus vite, plus vite, avant qu'il ne la reconnaisse, -parce qu'il semblait que pour l'instant ce ne soit pas le cas-, elle grimpait les marches aussi vite qu'elle le pouvait, balaçant son sac de gauche à droite avec rapidité. Cette fois il n'y avait personne pour la traîner par l'uniforme pour parcourir ces escaliers, donc elle était nettement plus à l'aise pour prendre la poudre d'escampette. Parfois, elle avait l'impression de louper des marches à cause de la longueur de ce chemin, elle n'arrivait toujours pas au bout alors qu'elle y mettais toute sa force pour monter. Soudain, une masse apparut à sa gauche. Son premier reflexe fut de se décaler le plus près du mur opposé possible pour mettre de la distance entre eux. Elle craignait qu'il lève la main sur elle ou qu'il la persécute verbalement, et pour l'un l'éloignement serait préférable.
Elle sentait bien qu'il la regardait et elle n'aimait pas ça du tout.

- Heu… oui, je… je jouais dans l’équipe quand j’étais au… au collège! Oui, hum… tu-tu sais que tu me dis vraiment quelque chose? J’ai beau chercher et… ah! Tu ne serais pas Kiseki Miki? Oui, je… je me souviens de toi. Les filles… les filles des autres classes parlent souvent de toi et elles m’ont déjà touché un mot sur toi à propos de… de quoi déjà? Enfin, je ne me souviens plus mais…

Donc Izumi Kaoru faisait du basket au collège, repensa-t-elle en ralentissant un peu son allure. Elle aurait appris quelque chose aujourd'hui. Cette information ne lui servirait à rien, mais il fallait bien avouer qu'il s'agissait là d'un sport qui procurait un tant soit peu de popularité, et donc que le jeune homme de seconde était probablement adoré par la plupart des élèves. Encore un, se dit-elle.
Et on lui avait parlé d'elle. Même avec ça il lui parlait, ce qui avait eut une grande influence sur la vitesse à laquelle elle marchait avant ; si il avait vraiment voulut se calmer les nerfs sur elle il n'aurait probablement pas expliqué qu'il faisait du basket avant. Elle se méfiait toujours beaucoup mais pour le moment elle se contentait d'écouter ses paroles.

Il la dépassa quand elle allait enfin sortir de cet escaliers infernal et se posta juste devant elle, l'empêchant de passer. Là, son souffle se coupa et elle écarquilla les yeux. Oh merde, c'était un bon comédien, le con ! Elle n'auraitcertainement pas dut l'écouter ni lui accorder un peu confiance, quelle crétine...

- Je suis… je suis…

Sur les nerfs ? Enragé ? Psychopathe ? Miki eut encore un reflexe qui pouvait en dire long sur la vie qu'elle mènait à l'école, et elle leva presque aussitôt les bras au-dessus de sa tête pour se protèger au cas où un coup partait. Elle ne doutait pas qu'une simple protection ne servirait pas à grand-chose devant un garçon comme lui, mais c'était mieux que rien.

- … enchanté, de te rencontrer.

Une seconde de vide, elle leva la tête et lâcha un très imploli :

"-Eh ?"

Nan mais il avait but ou quoi ? C'était bien la première fois dans ce lycée qu'on lui disait ça, et elle commençait vraiment à penser qu'il n'avait pas l'intention de se jeter sur elle dans le but de la violenter ou autre. Ce type avait vraiment l'air, "enchanté" de la rencontré, en tout cas il n'avait pas l'air de penser d'autres trucs sur elle.
Alors qu'il s'inclinait, elle en fit encore de même, son dos à angle droit, tellement ça la surprenait d'être aussi bien traîtée. Maintenant elle ne se méfiait plus autant, disons plutôt qu'elle restait un peu sois-même et cherchais à garder un mur entre lui et elle, donc naturellement elle ne lui faisait pas très confiance.

- Pourquoi est-ce que tu étais… comme ça, tout à l’heure?

Comment comme ça ? Couverte de poussière, les cheveux ébourrifés et les yeux rougis ? Ah ça, elle allait devoir trouver une explication valable mensongère pour pouvoir partir l'esprit tranquille. Elle savait bien que faire une phrase comme quoi elle ne voyait pas de quoi il parlait ne servirait à rien parce qu'il saurait tout de même qu'il y avait quelque chose, donc elle préféra ne pas rentrer dans les détails.

"-Je... pour rien, fit-elle avec son premier sourire. C'est rien."

Tout en disant ça, elle replaçait discrètement ses mèches folles pour être un peu plus crédible, elle refit même un sourire un peu crispé pour l'inciter un peu plus à la croire ou en tout cas pour qu'il n'insiste pas plus. Il lui barrait toujours l'entrée, et son "Kaori-san" de tout à l'heure n'était pas très poli, elle opta pour un "Izumi-san" plus respectueux envers son aîné.

"-I... Izumi-san, vous jouez bien ?" demanda-t-elle dans l'espoir qu'il repense à son basket, se retourne et continue de jouer, lui laissant alors la voie libre pour sortir.

* N… non! Elle ne m’échappera pas comme ça sous le nez..! *

S’était dit Kaoru en suivant Miki rapidement. Elle n’allait quand même pas esquiver la situation de façon si anodine! Lorsque la jeune fille releva la tête, le garçon s’attendait à ce que son regard soit plein de haine, de honte ou tout autre expression… à part la surprise. Sa réaction soudaine le fit sursauter mais il n’en fut pas du tout insulté. Après tout, lorsque nous sommes surpris, nos réactions sont assez… surprenante, c’était le bon mot.

Elle fit un effort pour lui sourire en lui disant que rien de grave ne lui était arrivé. Ne la connaissant pas très bien, Kaoru la crut et ne préféra pas en reparler, après tout les trucs tristes en dehors des scénarios, ce n’était pas sa tasse de thé.

Préférant lui laisser un moment de répit vu qu’elle était apparemment bouleversée, Kaoru ne fit que regarder les chaussures de la jeune fille en se souvenant de quelque chose; ses chaussures! Il ne fallait pas qu’il oublie de les reprendre en rentrant, sa mère lui taperait sur les doigts si elle apprenait qu’il les avait perdu ou qu’il rentrait en chaussures de sport, après tout ce n’était pas très de coutume au Japon, ses baskets blanches allaient être sales.

L’adolescente se décida finalement à dire quelque chose avant que le jeune homme n’ait pu dire quoi que ce soit d’autre, elle devait sûrement ce dire qu’il n’y avait pas d’autres options que de parler avec lui. Après tout, le silence pesant entre deux personnes seules ensemble n’était-il pas si embarrassant?
Ses interrogations vinrent sur le sport que pratiquait l’aîné des Izumi. Il tenait présentement le ballon entre ses mains et le faisait tourner en le tenant de chaque côté avec ses index, un étrange toc qu’il avait lorsqu’il avait quelque chose de rond entre ses mains aux doigts longs. Hésitant de parler de son passé, l’host se décida finalement :

- Si je… joue bien? Eh bien… je ne peux pas vraiment juger de moi-même, ce serait égoïste. Mais j’étais attaquant dans mes années de collège et je jouais souvent au basket. À mon entrée au lycée j’ai arrêté pour des raisons diverses mais… je joue quelque fois avec des amis de temps en temps.

Il passa près d’elle et lui lança le ballon en disant un « Attrape! » rapidement.

- J’aimerais bien savoir si toi tu joues bien. D’accord, Kiseki-chan?

Sur ce, il ouvrit la porte et lui fit signe d’entrer dans le gymnase, son pied laissant la fameuse porte verte ouverte. Voyant qu’elle était hésitante, il lui sourit.

- Si tu penses être nulle, tu n’as pas vu mon frère jouer! Allez, ne sois pas timide.

Plus ou moins inconsciemment, son regard était un peu suppliant. S’il le savait, sa fierté en prendrait un coup sûrement, espérons que Miki n’ait rien vu.

Miki suivait des yeux le ballon de basket qui tournait rapidement entre les doigts de Kaoru quand il lui parla de ses capacités au basket.

- Si je… joue bien? Eh bien… je ne peux pas vraiment juger de moi-même, ce serait égoïste. Mais j’étais attaquant dans mes années de collège et je jouais souvent au basket. À mon entrée au lycée j’ai arrêté pour des raisons diverses mais… je joue quelque fois avec des amis de temps en temps.

C'est bien, lui au moins il avait quelque chose à partager avec des amis, pas comme elle. Et vu qu'il y avait joué au collège, il était certainement plus doué que la plupart des autres élèves, ce qui, encore une fois, était une chance pour lui. Pour sa part, Miki était plus douée que la moyenne en jeux video, bien sûr. C'était pas vraiment une chose dont elle pouvait se vanter, mais au moins elle avait son truc à elle. Elle était bien trop maladroite pour faire un quelconque sport, nulle en arts et musique ainsi qu'en littérature, en Ikebana et en arts martiaux... oui, décidemment aucun club ne pouvait lui convenir. Mais pour en revenir à la réponse de Kaoru, elle trouvait ça bien, qu'il ne se jette pas sur l'occasion pour se venter. Il était modeste, une qualité qu'elle avait trouvé bien rares ces temps-ci.

-C'est bien, fit-elle toujours sans le regarder.

Alors qu'il lui envoyait subitement le ballon dessus en lui criant de le rattrapper, elle dut faire un pas maladroit en avant pour essayer de le choper du bout des doigts. Malheureusement pour elle, sa maladresse la rappelait à l'ordre et il lui échappa, tombant avec un bruit sourd au sol. Même ça elle ne pouvait pas le faire, c'était vraiment pas sa tasse de thé, les sports à ballons.
Elle se pencha et le ramassa, le calant bien entre ses deux mains et les yeux cette-fois braqué sur Kaoru, une expression intérogative plaquée au visage. Elle craignait le pire et elle pensait juste.

- J’aimerais bien savoir si toi tu joues bien. D’accord, Kiseki-chan?

*Non je vais me fouttre la honte toute seule.*

-Euhm... d'accord. M... mais je ne suis vraiment pas douée.

Ki... Kiseki-chan ?! Eh ben, encore une rareté : Personne ne lui accordais ce suffixe en général. Elle en rosit légèrement, c'était gentil.
Il ouvrit la porte et elle put enfin revoir un peu de lumière. Le gymnase se déballait sous ses yeux, une immense pièce vide qu'elle n'appréciait pas trop et qui sentait fortement le plastique. Franchement, elle était partagée entre son envie de s'amuser un peu avec un garçon dont elle ignorait tout et qui ne l'avait pas rejetée et son envie de refuser par timidité.
Elle faisait des tous petits pas sur place, marchant en avant et en arrière, pressant le ballon orange contre elle comme une peluche. Que faire ?

- Si tu penses être nulle, tu n’as pas vu mon frère jouer! Allez, ne sois pas timide.

Ne pas être timide allait être compliqué, c'était sa nature. Enfin, elle se laissa faire, hocha lentement la tête et pénétra dans la salle en faisant rebondir une fois le ballon contre le sol, juste pour se remettre un peu dans la chose. La jupe de l'uniforme, les chaussures scolaires et sa cravate n'étaient pas très pratique pour se mouvoir, mais ma foi elle allait bien devoir faire avec comme elle le pouvait.
Vu qu'il venait de lui passer la balle, il aurait été stupide de la lui renvoyer, et elle se contenta de s'avancer vers le panier le plus près, histoire d'essayer de bien viser et éventuellement de mettre un panier.

-Je... le sport c'est pas trop mon truc, ne vous moquez pas...

Sur ce, elle l'envoya d'une façon un peu spéciale dans les airs. Il raterri sur le carde du panier de basket avant de décrire une élégante courbe sur le cercle métalique, puis de retomber lourdement au sol.

Ca ne la surprit pas vraiment mais elle s'empourpra, se dépêcha d'aller le rechercher en courant et fit une passe à son sempai pour qu'il marque à son tour, car elle était persuadée qu'il allait marquer.

Mais bien sûr, une question la titillait, ce qui était bien normal. Pendant qu'il avait le ballon en main, elle demanda doucement :

-Excusez ma question indiscrète... mais pourquoi avez-vous arrêtez le basketball ? Vous deviez pourtant sûrement être un bon joueur...

C’était désormais flagrant à ses yeux; Miki était une personne très timide et renfermée, voir solitaire. Probablement à cause de quelques problèmes avec les autres élèves, mais Kaoru ne l’avait jamais vraiment aperçu en train de se faire brutaliser ou insulter. Après tout, il était souvent occupé et le destin avait fait en sorte que lui et la jeune fille ne ce soient pas rencontrés auparavant. Elle était du genre discret, alors ce n’était pas aussi surprenant que cela. Elle ne réussit pas à faire un panier mais la façon dont elle maniait le ballon en disait long sur elle, Kaoru en avait assez vu en un essai. Lorsqu’elle lui donna le ballon, il sauta et marqua, avant de laisser le ballon rouler tranquillement sur le sol ciré avant d’aller le prendre entre ses mains, reprenant son attention sur l’adolescente près de lui. Cette dernière semblait en savoir plus sur lui, elle était donc un brin sociable? Cela convenait parfaitement au lycéen. Reposant le ballon par terre, il s’approcha de sa cadette pour qu’elle puisse l’entendre.

Il soupira et se frotta la nuque, un peu hésitant dans ses paroles.

- Disons que je me suis… trouvée une meilleure « vocation » que le basketball. Comme cela m’a pris tout mon temps, j’ai abandonné ce sport auquel au fil du temps je donnais moins d’ardeur. Au final je me suis aperçu que j’étais sûrement plus intellectuel que sportif…

Le jeune homme ne voulait pas vraiment faire un grand discours en détail sur ce qu’il était, d’un autre côté c’était bien sa vie privée. Pourtant Himiko n’aurait pas décidé à hurler sur les toits son histoire… Juste devant Miki il s’imaginait dans un anime, tous les deux en formes chibi. Lui, les yeux en deux lignes horizontales et deux lignes noires verticales au-dessus de la tête avec un fond sombre derrière lui en train de penser à son amie qui lui mettrait la honte. Elle, les yeux ouverts innocemment qui se demandait bien à quoi il pensait. Heureusement la réalité fait en sorte que les émotions ne soient pas dévoilées aussi facilement, vive le monde…

Kaoru regarda Miki un moment et dit calmement :

- Si tu veux encore de moi après tout ça, tu viens bien m’attendre un moment..?

Autant changer de chaussures vu qu’il n’avait plus envie de jouer et voulait un peu parler, si elle partait en revenant il rentrerait chez lui un point c’est tout… Le lycéen se retira au vestiaire des hommes où rapidement il ouvrit sa case, enfila ses chaussures noires, remit ses chaussures de sport en place et referma le casier pour enfin revenir dans le gymnase.

- Et toi, Kiseki, quelle serait ta vocation plus tard?

En voyant son aîné faire un bond et marquer un panier Miki se sentit particulièrement ridicule. Bien sûr, elle s'attendait au moins à ça de sa part mais elle ne s'attendait quand même pas à autant de classe. Enfin bon, c'était aussi qu'elle n'en avait pas vraiment, de la classe, que ce soit pour le sport ou pour quoi que ce soit d'autre, mais bon quand même... pas besoin de montrer tant de professionnalisme devant elle. Mais peut-être n'était-ce pas l'intention de Kaoru, ce qu'elle choisit de penser après quelques secondes de réflexion.

Il alla rechercher le ballon... puis le posa par terre sans que Miki ne sache pourquoi. En fait, il venait juste répondre à sa question.

- Disons que je me suis… trouvée une meilleure « vocation » que le basketball. Comme cela m’a pris tout mon temps, j’ai abandonné ce sport auquel au fil du temps je donnais moins d’ardeur. Au final je me suis aperçu que j’étais sûrement plus intellectuel que sportif…

Une nouvelle vocation ? Alors non seulement il était bon en ce sport et certainement dans les autres, mais en plus il était doué dans autre chose ET il s'agissait d'un intellectuel ? Décidément, ce type était plus que polyvalent. Il parlait peut-être même français et portugais couramment, songea Miki avec une pointe d'envie et de jalousie en tête. Il était sûr qu'être doué avait de l'influence sur la popularité que les autres élèves allaient nous accorder, et c'était probablement pour cette raison que ladite popularité n'avait tapé à la porte de Miki : Elle était nulle dans presque tout.

-C'est bien si vous faites ce que vous aimez faire, alors...

Il la fixa un instant, ce qui la mit mal à l'aise. Elle se tortilla sur place en jouant avec le bas de sa chemise, regardant le panier de basket d'un air gêné. Un vide qui dura quelques secondes fut interrompu par l'ex-basketeur.

- Si tu veux encore de moi après tout ça, tu viens bien m’attendre un moment..?

Elle fut surprise. Comment ça ? Elle, attendre encore un peu ? Attendre quoi ?

Avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit il sortit de la salle. Qu'était-elle censée faire, à présent ? Pouvait-elle s'en aller ou devait-elle attendre que le jeune homme revienne des vestiaires où il semblait s'être dirigé ? Comme il lui avait demandé d'attendre, elle resta sur place, parfaitement immobile, les yeux rivés vers la porte derrière laquelle il venait de disparaître. Elle profita de cet instant de solitude pour repasser la main dans ses cheveux et les remettre pour la énième fois en place, et elle enleva également la dernière couche de poussière qui traînait sur sa jupe et ses chaussettes en les frottant de sa main.

Il revint avec ses chaussures normales, et demanda à Miki :

- Et toi, Kiseki, quelle serait ta vocation plus tard?

Elle fut étonnée de la question. Ca l'intéressait ? Elle-même n'avait pas la réponse à la question, et elle laissa un grand vide qui lui parut interminable entre eux avant de répondre d'une vois plus qu'incertaine.

-Je... je ne sais pas encore... je dois dire que je suis médiocre en tout... et je n'ai pas... vraiment de motivation...

Elle lui fit un sourire un peu désolé et commença à marcher pour aller s'assoir sur les gradins à la forme d'escaliers géants, son sac à la main. Si il voulait parler, il était quand même préférable d'être assis, avait-elle songé en faisant cela. Elle espérait qu'il allait la suivre et ne pas rester planté au beau milieu du terrain pour lui parler. Une fois assise, elle posa son sac de cours à ses côtés et mis ses mains sur ses genoux.

-Pour ma famille, fit-elle en prenant un peu d'assurance, il faudrait que je fasse quelque chose qui rapporte plutôt bien... mais je ne sais vraiment pas quoi. Et vous, quelle est votre nouvelle vocation, à présent ?

Kaoru semblait surprendre Miki à presque chaque seconde… ou éveiller chez une réaction particulière, qu’elle soit négative ou positive. Intérieurement il ne s’en plaignait pas, autant qu’il ne l’ennuie pas, il espérait juste ne pas la blesser ou faire autre chose de dérangeant, déjà la faire attendre pour des chaussures étaient plutôt idiot de sa part…
À peine eut-il posé sa question que, gêné par le contretemps fait par son arrêt soudain, le lycéen ne remarqua pas le temps de réponse que Miki allongeait presque interminablement. Il ne faisait que regarder la pointe de ses chaussures, un point c’est tout. À un moment donné il replaça correctement sa chemise, ne sachant pas trop où placer ses mains qui semblaient avoir un besoin d’être occupée dans ce moment stressant. Finalement la jeune fille prit enfin la parole. Le début de sa réponse était plutôt floue mais reflétait bien le problème de plusieurs étudiants qui se disaient médiocres en tout, doublé du fait de leur confusion par rapport à leur avenir, qui approchait à grands pas d’une façon dont la majorité trouvait trop rapide.

Sans accorder à Kaoru une réponse immédiate, l’adolescente se tourna et se dirigea vers les estrades, le jeune homme ne comprit pas tout de suite vu qu’elle n’avait dit mot, mais la suivit tranquillement de près, pour ensuite s’asseoir à un estrade d’inférieur au sien, afin d’y avoir un meilleur face à face, il se retourna donc pour ne pas lui faire dos. Apparemment assise et dans un endroit mais spacieux, la lycéenne arrivait à mieux s’exprimer, ou alors ce n’était que le hasard qui faisait les choses.

-Pour ma famille, il faudrait que je fasse quelque chose qui rapporte plutôt bien... mais je ne sais vraiment pas quoi. Et vous, quelle est votre nouvelle vocation, à présent ?

Pour une fois elle semblait plus confiante à l’habitude, Miki était dotée d’une timidité maladive qui rendait Kaoru, bien que naturellement à l’aise avec la plupart des gens, presque aussi gêné qu’elle lorsqu’il parlait. Également vit-il en elle ce qu’il pensait avant qu’il ne se passionne pour les mangas –et que les conflits familiaux commencent à son plus grand dam-, il voulait la fierté de ses parents et l’admiration de son frère et ses sœurs en plus d’un bel avenir dans une carrière florissante, une femme attentionnée et des enfants... mais tout cela avait été bouleversé.

- Kiseki…

Il chercha un peu ses paroles, ayant été un peu déstabilisé par la dernière question ayant été posée.

- Ne pense quand même pas principalement à ta fille, je te conseillerais fortement d’essayer un peu de… de tout. Tu pourrais te trouver une passion insoupçonnée, tu peux me croire. Si tu veux je pourrais peut-être… t’informer, t’aider ou je ne sais quoi. Ce n’est pas que je trouve cela mal que tu veuilles apporter de l’argent à ta famille mais ne gâche pas ton avenir à être malheureuse, d’accord?

Il la fixait dans les yeux, un regard disant qu’il voulait être écouté. Pour une fois, il avait pu donner ce conseil à quelqu’un et en était heureux. Maintes fois, Kaoru avait songé au sujet d’être heureux ou non en songeant aux carrières qu’on lui proposait, au final il avait décidé d’être mangaka et de poursuivre son rêve... choix qui fut difficile et dont le résultat l’était encore plus.

- Et pour ma « vocation future »…

Il mit son index sur ses lèvres et sourit.

- …ça c’est mon petit secret à moi.

Il regarda l’énorme horloge accrochée au-dessus de l’estrade. L’heure avançait plus vite qu’il ne le croyait. Ne quittant pas son siège, Kaoru s’adressa de nouveau à Miki :

- Tu veux que je te raccompagne chez toi? Je devais aller faire les courses de toute façon, alors un détour ne me fera pas plus de mal, j’aime bien marcher.

Gentil et non dragueur –comme à son habitude-, Kaoru n’avait pas envie de laisser Miki seule, il ne savait pas pourquoi mais il avait l’impression que la solitude lui pesait, tout comme elle le faisait sur lui. Se trompait-il? Il ne le savait pas.

En la voyant aller s'assoir, Kaoru la suivit et s'installa à une "marche" en dessous de la sienne et face à elle pour mieux la voir sans doutes. Elle lui expliqua ce qui serait bien pour sa famille comme futur travail. Sa famille, était ce à quoi elle tenait le plus au monde, donc pour elle il était tout à fait normal de vouloir les faire passer bien avant elle. D'ailleurs, elle faisait presque toujours passer les autres avant elle, alors c'était une habitude, quelque chose d'automatique chez la jeune lycéenne.

- Kiseki…

Ca lui aurait fait plaisir si il avait rajouté un "-chan" après son nom de famille, mais bon, 'faut pas trop rêver non plus. D'ailleurs, c'était mieux comme ça sinon elle allait se faire des idées et se dire qu'à présent ils étaient "amis", ce qui était assez faux puisqu'ils parlaient aujourd'hui... mais dans une semaine se serait certainement comme si leur conversation n'avait jamais eue lieu. C'est ça, l'oubli et la distance infranchissable. Miki connaissait très bien ça, et elle était sûre que tout se passerai comme dit plus haut. Ma foi tant pis, elle aurait au moins passé un assez bon moment.

- Ne pense quand même pas principalement à ta fille, je te conseillerais fortement d’essayer un peu de… de tout. Tu pourrais te trouver une passion insoupçonnée, tu peux me croire. Si tu veux je pourrais peut-être… t’informer, t’aider ou je ne sais quoi. Ce n’est pas que je trouve cela mal que tu veuilles apporter de l’argent à ta famille mais ne gâche pas ton avenir à être malheureuse, d’accord?

Comment pouvait-il savoir qu'elle était malheureuse ? En fait, il n'en savait probablement rien, mais Miki eut quand même un doute en entendant ça pour son futur. Et quant à la passion insoupçonnée, elle n'attendait que ça. Enfin non, elle attendait aussi la paix dans le monde, de sortir du lycée... et de manger une glace l'été prochain.

-Euhm... d'accord, mentit-elle.

Bref, je disais... qu'elle avait quand même l'intention, pour le moment en tout cas de penser à sa famille. Elle leur devait tant, elle n'avait pas le droit d'être égoïste. Et maintenant, Kaoru la fixait droit dans les yeux. Elle ne comprit pas l'expression de son visage mais se contenta d'un sourire interrogateur.
Il décida enfin à répondre à sa question.

- Et pour ma « vocation future »… ça c’est mon petit secret à moi.

Il mis un doigt devant ses lèvre et Miki cligna des yeux. Quel suspense, pour le coup elle en était vachement déçue, elle aurait vraiment voulu savoir quel était son projet pour le futur. Ma foi tant pis, si il ne voulait pas le lui dire, il devait certainement avoir une bonne raison, elle allait devoir faire avec. Vous auriez donc compris qu'elle n'insista pas et se contenta d'un hochement de tête compréhensif.

-Ce doit être un bon projet, fit-elle.

- Tu veux que je te raccompagne chez toi? Je devais aller faire les courses de toute façon, alors un détour ne me fera pas plus de mal, j’aime bien marcher.

Elle fut bien surprise par cette proposition, et, suivant son regard, elle pris connaissance de l'heure sur la pendule. Effectivement, sa mère allait s'inquièter si elle ne rentrait pas au plus vite. Par contre, elle ne savait pas trop quoi faire pour la question de Kaoru.

-Je... euh... ne vous embêtez pas pour moi, j'habite à Akihabara, ce n'est de loin pas l'endroit rêvé pour faire des courses...

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