Une petite promenade [PRIVE Toda]

C'était un après-midi doux et ensoleillé. Rien de mieux pour un weekend que de ce balader au soleil. Aïchara Toda connaissait assez bien le quartier de Harajuku car sa grand-mère y avait habité pendant de longues années avant son décès. Son lieu préféré du quartier était le parc Yoyogi. De nombreuses fois elle s'y était rendue. Pour se promener seule ou en compagnie de sa grand-mère. Sauf que depuis la mort de cette dernière, la jeune fille y allait seule. Ses parents étant bien trop occupé avec leur travail... Aïchara travaillait également un peu, pour avoir de quoi payer sa scolarité et puis pourquoi pas un petit studio pour elle seule ?
Une semaine se terminant par un beau weekend, sortir du cadre du lycée et de travail permet de voir autre chose. Le monde extérieur. Là, au moins les gens ne chuchotaient pas dans le dos de Toda. Ni même ne se moquait. Dans la rue, elle était comme invisible, mélangée aux autres. Certes, elle était un peu mal à l'aise parmi tant de japonais inconnus...
La jeune fille était habillée d'une robe fleurie à bretelle dans les tons rouges et blanc. Elle portait des lunettes de soleil en guise de sert-tête sur ses cheveux détaché et des ballerines assortis à sa robe aux pieds. Rien de plus banal qu'il soit. Une fille comme toutes les autres.

Actuellement, elle marchait dans le parc. Le vent faisait bouger les branches des arbres qui semblaient murmurer. Il faisait chaud, le soleil cognait. Aïchara Toda regretta de ne pas avoir prit de chapeau. Elle risquait d'attraper un coup de soleil sur la tête... "Bah... Ça ne changera pas grand chose...." Pensa t-elle. La jeune fille sourit intérieurement. Elle décida d'acheter une canette de jus d'orange pour se rafraichir. Des vendeurs de glaces ou de boissons étaient installés à l'entrée du parc. Toda marcha un peu puis finalement s'assit sur un banc afin de siroter sa boisson. Elle ne fit pas vraiment attention à côté de qui elle était assise. Elle avait juste vaguement regardé le garçon qui lui était totalement inconnu.

Aïchara sirota à petite gorgée son jus d'orange. Elle regardait ce qui se passait autour d'elle en restant silencieuse. La verdure était impressionnante. Beaucoup d'herbe et de fleurs. C'était magnifique. Elle le remarquait à chaque fois qu'elle venait ici. Le parc restait toujours le même. La jeune femme observa les jolies fleurs de toutes les couleurs, les arbres pratiquement tous différents et de même distance entre eux. Deux longs chemins faisaient tout le tour du parc et se rejoignaient pour former la sortie à la droite et l'entrée à la gauche d'Aïchara. De nombreux familles se promenaient avec leur enfants, c'était idéal pour les petits, ils pouvaient s'amuser dans l'herbe. D'autres pique-niquaient sur la pelouse, à l'ombre, allongés sur une nappe...

"C'est... un bel endroit." Dit une voix.

Aïchara tourna la tête vers le garçon qui avait parlé. Elle sourit et le regarda un instant avant de répondre.

-Oui... Il est magnifique. Toute cette verdure...

C'était peu. Mais elle avait parlé. Elle quitta ses yeux du garçon, de peur de le mettre mal à l'aise. Comme elle, qui l'était déjà. Aïchara était souvent mal à l'aise lorsqu'elle parlait à un garçon. Elle ne parlait presque jamais aux garçons de son lycée. De toute façon elle n'avait rien à leur dire à ses gars là...
La jeune fille se remit à promener ses yeux sur le décor.

Aïchara déglutit avec difficulté. Étant bien trop timide pour s'adresser à un garçon aussi charmant. Elle tenta de se remettre en question psychologiquement et de se calmer. Elle se saurait donnée deux baffes si le garçon n'avait pas été là... Elle respira plusieurs fois puis décida de sortir un son du fond de sa gorge en essayant de regarder le jeune homme.

-Enchanté... Moi c'est Aïchara Toda.

"Idiote ! Qu'est-ce qui te prend ? Tu es toute crispée" S'adressa t-elle, mentalement.
Elle pencha la tête pour saluer le jeune homme.
La jeune fille rougit puis se redressa pour regarder de nouveau devant elle. Elle avait toujours eut du mal à regarder les gens quand la personne parlait ou quand justement elle-même parlait. Pourtant regarder la personne, était plus franc. Aïchara fit un effort. Et regarda le garçon. "Zen ou une gifle" pensa t'elle. Peu à peu elle se détendit. Ce qui allait beaucoup mieux. Elle avait l'air un peu plus naturel. Elle s'occupa de finir de boire sa boisson pour combler le blanc. Parler à un inconnu ? Ce n'était pas la première fois. S'intéresser à une personne qu'elle ne connaissait pas non plus...

-Tu viens ici souvent ?

Quand Jiro lui dit qu'elle avait un joli nom, Aïchara rougit un peu.

-Euh... Merci... Le tiens aussi est joli.

Compliment un peu maladroit de la part de la jeune fille. Maladroite ? Ça oui elle l'était. Et pas qu'un peu, beaucoup de gaffes. Ce qui ne l'aidait pas pour sortir de son malaise quelque peu déjà dissipé.
Elle se força à parler malgré elle, pour ne pas avoir l'air ennuyeuse.

-Moi, je viens ici depuis que je suis née. Cet endroit me rappelle des souvenirs.

Nouveau sourire.
Flash back : Image d'Aïchara petite tenant la main à sa grand-mère et à son grand-mère marchant dans le parc, la petite fille tenant un ballon rose...

Jiro aussi semblait maladroit ce qui fit sourire Toda. Il s'était empressé de préciser sa phrase pour ne pas vexer la jeune fille. Qui n'était d'ailleurs pas prête d'être vexé...
Aïchara termina se boire son jus d'orange. Elle jeta la canette et la paille dans la poubelle qui se trouvait juste à côté du banc.

-Un paradis ? Oui, ça y ressemble assez...

La jeune fille regarda encore le parc puis le garçon.
Aïchara s'imagina allongée dans l'herbe fraiche du parc, à l'ombre d'un arbre, des marguerites un peu partout sur la pelouse, les mains derrières la nuque, les yeux regardant le ciel...
Elle sourit de nouveau, ne sachant pas vraiment pourquoi. Les paroles de Jiro lui allaient droit au cœur.
Mais pourquoi de telles paroles provenant d'un garçon inconnu ? Enfin, elle commençait à le connaître. Aucun garçon n'avait jamais été aussi gentil que Jiro avec Aïchara.
Elle sortie de ses pensés et revint au garçon.

-Quel âge as-tu ?

Il paraissait grand mon son âge.

La garçon répondit qu'il était âgé de vingt et un an.
Vingt et un an ? Jiro était beaucoup plus vieux qu'elle. Et majeur...

-Je n'ai que seize ans...

Petit sourire gêné de la part d'Aïchara. Qu'une gamine, elle n'était qu'une gamine et lui était déjà un homme. Elle rougit de nouveau. Elle arrêta de regarder Jiro. Le voyant d'une autre manière comme à présent, un simple garçon, depuis qu'il avait dit son âge. Qu'avait-elle espéré ? Qu'il est à peu près le même âge quelle ?
Nouveau moment de silence. La jeune fille observa trois enfants jouant au ballon un peu plus loin devant eux, sur l'herbe. Ils se lançaient la balle. Celle-ci tomba et deux des enfants se chamaillaient pour avoir le ballon. Essayant de se l'arracher des mains. Le troisième renouait le lacet de sa chaussure. Un petit garçon fini par avoir le ballon et shoota dedans plusieurs fois en courant.
Aïchara baissa ses yeux sur ses mains, qu'elle avait posé sur ses genoux. Soudain elle senti quelque chose de dur, et à la fois assez léger la frapper au visage avec violence. Sous l'effet du choc et de la surprise elle tomba en arrière. Elle se retrouva le dos sur l'herbe, ses pieds encore sur le banc...

-Euh ? Oui... Oui, ça va...

Aïchara était morte de honte. Elle s'était ridiculisé devant Jiro. Elle ria un peu nerveusement. "Idiote ! Tu n'as pas vu se ballon arriver ? Ce ballon te narguait depuis tout à l'heure. C'était prévu que ça finirait comme ça... " S'insulta t-elle, mentalement.
Elle tenta de se relever. Jiro l'aida. Aïchara ne su pas trop ce qui se passa par la suite. Ce fut trop rapide. Mais le garçon sembla glisser et tomber sur la jeune fille qui devint vite rouge pivoine. Il se releva maladroitement et Aïchara pu aussi se relever. Deux maladroits, quelle scène ! Les gens devaient se dirent...
Jiro s'excusa et se pencha. Toda-san, se courba précipitamment aussi pour s'excuser.

-Non, c'est moi... Désolé d'être tombée... Je n'ai pas fait exprès... Pardonne moi...

Elle était vraiment navré. Elle le regarda dans les yeux, inquiète, et toujours aussi rose.
Jusqu'ici elle avait ignorer sa petite bosse. Mais elle réalisa qu'elle lui piquait un peu. Elle frotta avec sa main.
Il semblait s'inquiéter pour Aïchara et ça lui touchait.

Aïchara ne remarquait pas la gêne de Jiro. Elle-même étant gêné...
Elle regarda Jiro fouiller dans son sac. Quelques secondes plus tard, il avait un tube de crème dans la main.
Elle le laissa donc mettre le gel sur sa petite bosse, se tenant immobile pendant quelques temps, le temps qu'il étale la crème.

-D'accord...

Ce n'était pas la première fois qu'Aïchara se cognait. Des bosses, elle en avait eu, plus d'une. Étant particulièrement maladroite elle se cognait ou se blessait régulièrement. La jeune fille n'osa pas trop le regarder pendant qu'il étalait le gel froid sur la blessure. Il était tout proche d'elle... Une fois fini, Jiro remit le tube de gel dans son sac.

-M... Merci Jiro.

Bégaya t-elle en se penchant pour le remercier. Elle lui sourit. Le garçon devait se dire qu'elle était niaise à force de sourire comme ça pour un rien.

-Tu veux devenir médecin ? Tu as l'air de t'y connaitre dans ce domaine...

La seule chose qu'elle avait trouvé à dire.

Aïchara fit un large sourire après les paroles de Jiro.

-Pianiste ? C'est un beau métier ! J'aime beaucoup la musique, le piano est mon instrument préféré... Mais je ne sais pas en jouer... Tu as beaucoup de chance d'apprendre le piano. Je ne t'ai jamais entendu jouer du piano mais je suis sûre que tu as beaucoup de qualités dans ce domaine et que tu deviendras un grand compositeur ! Tout le monde peut y arriver, il suffit d'y croire...

Elle continua de l'observer. Il se frotta la tête chiffonnant encore plus ses cheveux. Aïchara rougit, elle avait du mal à ne pas fondre. Jiro était si beau...
Il lui demanda ce qu'elle voulait faire plus tard, la faisant un peu sursauter.

-Ce que je veux faire plus tard... Euh...

La jeune fille n'avait pratiquement aucune idée de ce qu'elle voulait faire plus tard. Elle y avait déjà réfléchie, mais il y avait tellement de métiers, tous différents, tous intéressant... Le métier... C'était la question qui ne fallait pas poser... Elle n'en savait rien... Une toute petite idée en tête... Professeur de japonais ?

-Professeur de Japonais... Mais je ne suis pas encore très sûre... En fait, je ne sais pas trop, ce que je veux faire...

Aïchara baissa un peu la tête.

Elle leva la tête.

-M'apprendre le piano ? C'est vrai ? Tu pourrais m'apprendre à en jouer ?

Les lèvres de Aïchara s'étirèrent pour former un large sourire. Petit à petit elle se sentait à l'aise. Elle n'avait rien à s'en faire. Jiro était vraiment sympathique. Il paraissait aussi un peu plus décontracté par rapport à quelques instants plus tôt.
Ce qu'il lui disait pour l'encourager, lui rappelait des paroles de sa grand-mère. Elle l'avait toujours encouragé de faire de qu'elle sentait, ce qui était le mieux pour elle et vivre heureuse. Malheureusement sa grand-mère ne pourrait plus lui dire de telles phrases, vu qu'elle était décédé...
La jeune fille était contente qu'il lui dise ses quelques mots. Cela lui donnait du courage et confiance en elle.
Un silence s'installa. Le seul bruit qu'on entendait était les gens autour d'eux, les enfants qui criaient cachait le bruit du souffle du vent dans les feuilles. Dommage. Elle n'avait aucune phrase qui lui venait à l'esprit. Jiro non plus apparemment. En tout cas, Aïchara était bien là. Elle ne s'ennuyait pas. Elle voulait rester là pour toujours, dans ce paradis, comme Jiro avait si bien qualifié ce parc, et aux côtés du garçon. N'étant pas une grande bavarde, elle s'interrogeait si Jiro la trouvait ennuyante. Peut-être qu'il préférait discuter avec une autre fille à près tout...

Aïchara ne s'attendait pas à ce que Jiro donne son numéro de portable. Il avait eu la gentillesse de lui donner des cours de piano et maintenant, c'était le numéro de téléphone. Elle prit délicatement le bout de papier sans toucher les doigts du garçon et lu le numéro avant de lever les yeux sur le jeune homme. Elle se leva à son tour et le remercia en s'inclinant. Elle sourit.

-Merci Jiro. Non, ça ne m'embête pas, au contraire ça serait bien qu'on garde contact. J'aime bien parler avec toi. Tu as quelque chose que les autres n'ont pas. Je ne sais pas quoi...

La jeune fille fourra le papier dans sa poche.

-Tu... Tu veux mon numéro en échange ? Proposa t-elle d'une petite voix.

Elle ne savait pas pourquoi elle disait ça. Jamais elle n'avait passé son numéro de portable à un garçon. Mais quelque chose la poussait à faire ça. Sera t-il plus facile de se parler par téléphone ? Sans doute que oui, elle pourra lui parler sans le regarder, ça la gênerait moins. Mais elle ne pourrait pas le voir, alors que le visage de Jiro lui manquera sûrement...

Aïchara sorti un stylo et un mini bloc-notes d'une des poches de sa robe. Elle griffonna son numéro de portable. Puis déchira soigneusement la feuille pour la tendre à Jiro. En espérant que son écriture était lisible...
Jiro, lui avait une belle écriture. Aï' aimait bien comment il formait ses chiffres...

-Voilà... Appelle moi quand tu veux également. Si tu as un soucis, besoin de parler à quelqu'un... Ou les cours de piano.

Elle lui sourit. La séparation. Ce qu'elle redoutait le plus c'était de devoir ce séparer. Un moment dur. Parfois exagéré dans les films. Elle n'avait pas envie qu'il parte. Elle aurait aimé lui dire : reste ! Elle n'avait aucune force. Aïchara n'osera jamais lui dire ça. Le laisser partir était la seule solution. Elle aurait au moins gagné son numéro de portable. La jeune fille pourrait l'appeler le plus souvent possible, enfin pas trop quand même. Jiro finirait par en avoir marre à la fin...

-Je crains que oui...

Elle se racla la gorge.

-Bon... Et bien à bientôt...

-D'accord... Tu habites dans quel quartier ? ... Si je vais chez toi un jour pour prendre des cours de piano, il faut que je sache où me rendre... Comment s'appelle ce restaurant ?

Aïchara sourit gentiment. Elle rougit un peu, à l'idée d'aller chez lui pour apprendre le piano.
Jiro avait eut la bonne idée de la raccompagner. Cela permettait de rester encore plus longtemps ensemble. Éloignant la séparation. Ils semblaient s'apprécier.

-Euh... Oui pourquoi pas... Si ça ne te dérange pas... Je ne veux surtout pas te sentir obliger de me raccompagner. J'habite dans un autre quartier, à proximité. A Nihonbashi, si tu connais...

Elle lui sourit. Et attendit sa réponse en restant là, sur place, à le regarder, en essayant de ne pas rosir à chaque coup d'œil sur le garçon.
Cela arrivait que le quartier soit mal fréquenté. Mais pas au point du quartier de Kabukichō qui était très mauvais.A Nihonbashi, il y avait seulement eut une bande de garçon qui de temps en temps l'avait embêtée.