Parfois, Miki se sentais particulièrement heureuse d'habiter à Akihabara. La première raison était qu'ici, elle pouvait farfouiller dans les boutiques d'électronique jusqu'à pas d'heure et sans se lasser, et la seconde était que personne de sa classe n'y vivait, du moins elle n'était pas au courant. Donc ces deux conditions étaient réunies pour qu'elle se sente bien au moins à un endroit de la ville.
Pour aller vagabonder dans les rues tellement bondées que certaines personnes n'étaient pas sur le trottoir et marchaient dangereusement sur la route, elle avait troqué son uniforme scolaire contre un pull trop grand qui lui arrivait en dessus des genoux et un leggins noir simple. Le tout accompagné d'un énorme casque audio multicolore qu'elle avait placé sur sa tête pour ne pas entendre le bruit assourdissant des voitures qui passaient ni les conversations des gens qui se hâtaient autour d'elle. Elle n'aimait pas trop toute cette foule, mais elle était partie du principe qu'elle dénicherai un super jeu video, et donc que subir ce flot de personnes le valait bien. Elle n'était qu'une jeune fille parmi tant d'autre, dans ces moments là. J'entends par là qu'elle passait totalement inaperçue, que personne ne la regardait avec des airs méprisants ni avec l'envie irrésistible de calmer ses nerfs sur elle. Oui, décidemment, Akihabara était le meilleur quartier de tout Tokyo.
La musique toujours à fond dans les oreilles, elle pénétra dans un magasin. Elle connaissait la plupart des employés, disons surtout qu'ils s'étaient habitués à la voir faire des aller-et-retours quotidiens et avaient retenu son prénom et son nom. Parfois, comme aujourd'hui, elle était apperçue par une jeune employée qui devait avoir la vingtaine et qui la salua d'un geste de la main tout en triant des jeux pour la Playstation 3, de nouveaux arrivages, sans doutes. Mais là, ce n'était pas de PS3 qu'il s'agissait dans la tête de Miki, -elle possédait déjà plus de la moitié des jeux que l'autre triait-, elle désirait juste jeter un coup d'oeil pour se détendre. Après, aller savoir pourquoi regarder une publicité pour un jeu de baston des plus violent la détendait, mais le fait était bien là. Au moins, ça occupait, de se promener dans les rayons de cette boutique. Elle n'était ni trop grande ni trop petite. Il y avait une grande majorité de jeunes hommes, mais elle avait l'habitude ; À son âge c'était surtout les garçons, les fans de jeux videos.
Au bout d'une petite demie-heure elle ressortit, les mains vides, et recommença à marcher et à zizaguer entre les autres japonais qui se pressaient, comme toujours. Miki s'arrêta pour acheter des takoyaki, puis repartit avec cette fois l'envie de se chercher un bon disque dans un autre magasin qu'elle connaissait bien.
Mais alors qu'elle allait tourner à gauche pour s'engouffrer dans une rue un peu plus petite, elle resta figée sur place en appercevant trois filles de son école, plus précisemment celles qu'elle redoutait le plus de voir ici. Les jeunes filles prirent une seconde à peine pour la remarquer et elles commençaient déjà à accélérer le pas en sa direction alors que le temps de réaction pour Miki fut d'une bonne dizaines de secondes, si pas plus. Elle fit demi-tour le plus rapidement possible, et craignant les coups ou les brimades, elle repartit dans le sens inverse. Tant pis pour les disques, sauver sa peau et la bonne humeur qui l'avait envahie était plus important pour l'instant. Elle se retourna, ayant comme espoir qu'elles ne l'aient pas suivit, mais manque de bol, elles se trouvaient à présent à une demi-douzaine de mètre derrière elle, quelques sourires amusés pendus aux lèvres. La brune commença à marcher plus vite, puis tourna encore à droite ou à gauche, elle ne savait plus, elle espérait juste qu'il ne s'agisse pas d'un cul-de-sac. Cette fois elle avait eut plus de chance, c'était une simple rue bondée. Elle courut quelques mètres et se mêla à la foule.
Une fois hors de leur atteinte, -elle ne les voyait plus et ne pensait pas être retrouvée-, elle dévala une série de marches d'escaliers et posa brutalement ses fesses sur la dernière marche, essouflée, appeurée. Dans sa main il restait toujours les takoyaki, qui avaient miraculeusement survécu à sa course. Elle en engouffra un dans sa bouche tout en s'essuyant le front. Elle avait eu peur, ça c'était sûr.